L’autre matin, au petit déj’, ma moitié lance un pavé dans la mare de ma tasse de café.
“A quoi ça sert tes crèmes bio, de toute façon je t’ai vu mettre du Nutella sur ta tartine et franchement, ton téléphone je pense pas qu’il soit commerce équitable !”
Au delà de son inconscience à m’adresser la parole avant ma première précieuse gorgée de caféine, j’ai eu du mal à me retenir de lui enfoncer la sienne, de tartine, côté confiture, entre ses beaux yeux .
Alors quoi ? Sous prétexte que je ne suis pas empreinte carbone zéro, tous mes gestes écologiques comptent pour du beurre ? Du coup, comment on fait ? J’arrête les douches et je prends 2 bains par jour ? Je rachète 27 produits d’entretien par pièce ? Je laisse toutes les lumières allumées avant de partir au boulot le matin ?
Quand j’ai compris qu’avoir un mode de vie complètement responsable & être écoloparfait, c’est aussi facile que de nager sans se mouiller, j’étais bien désemparée.
Je roule au diesel. Je n’utilise que des cosmétiques bio. J’essaie d’acheter moins de produits emballés & sur-emballés. Je trie bravement mes déchets. Parfois je craque sur un fast-food. Je fais mon ménage sans aucun produit chimique. J’achète mes légumes à la ferme au bout de ma rue. Je confesse quelques commandes de maquillage bio hors de nos frontières. Je travaille même dans une boîte écoresponsable. Interrogation surprise : alors, il est à combien mon pourcentage écolo ?
Pas si facile que ça, hein ! Un jour, j’ai essayé de calculer l’empreinte carbone de tous mes faits et gestes, ça m’a fait disjoncter sévère.
C’est quoi le pire ?
Faire des kilomètres et des kilomètres en voiture pour dégoter un magasin bio qui vend de la nourriture en vrac sans emballage ou acheter du bio un peu emballé à la supérette du coin ?
Lire un vrai livre en vrai papier qui vient des arbres ou lire des livres électroniques sur une tablette numérique en plastique qui consomme de l’électricité ?
Si un jour ça vous a pris d’écologiser un tant soit peu votre mode de vie, vous avez du faire face à un certain nombre de ces choix cornéliens & de questions sans bonne réponse .
Les contes qui ont bercé notre enfance, c’était beaucoup plus simple à comprendre : il était une fois la méchante reine moche d’un côté, et la gentille petite princesse innocente de l’autre. Dans la vraie vie, il n’y a pas de gentils écolos et de méchants pas écolos. Il y a cinquante nuances d’écolos.
Végétarien anti huile de palme, locavore recycleur, végane équitable, flexitarien à vélo, zéro déchet débutant, omnivore bio. Chacun poursuit son idéal environnemental, choisit ses priorités et agit en conséquence. Comment juger si l’un est meilleur que l’autre ?
De toute façon, cet idéal est par définition inatteignable. Il y a des limites à nos actions, qu’on le veuille ou non. Le zéro impact environnemental n’existe pas. Enfin si : il suffit d’arrêter de respirer. Définitivement. Des volontaires ?
Pour ceux qui, comme moi, aiment la vie donc, une seule issue : minimiser son impact.
Il ne s’agit pas de juger les incohérences, de saper les petits pas, de fustiger et de faire avaler du plomb fondu à tous ceux dont vous trouvez une preuve évidente de la culpabilité. Il s’agit d’expliquer, d’aider et d’encourager les bonnes volontés, pour qu’on soit de plus en plus nombreux à aller dans la bonne direction. Soyons pragmatiques : ce n’est peut-être pas assez, mais c’est déjà pas mal.
3 commentaires
Super ! C'esr exactement ça, cheminer, faire, même un peu plutôt que pas du tout ! Merci ?
Hortin
Et puis, on commence par arrêter le Nutella, et on finit par faire pousser tous ses légumes bio dans le jardin !
Léna
Bonjour Laura, Bien écrit ? Je vous propose d’organiser un rdv avec Emmanuel Drouon qui présente son concept d’Econolomie. Un état d’esprit qui illustrera bien vos propos Encore bravo pour votre engagement ?✌️✌️
Leymonerie